A force d'avoir fait croire aux femmes et de continuer à penser que la maternité est la seule voie possible d’épanouissement pour une femme, la fonction de mère a longtemps été perçue (et l'est encore aujourd’hui !) comme une sorte de sésame.
Ce n'est pas la fonction de mère qui fait la valeur d'une femme...car avant et sous le "faire", il y a d'abord "un être" humain...
Dans la culture patriarcale, devenir mère est très souvent (et inconsciemment) rattaché à cette fausse idée d'être "quelqu'un d'important", d'être une femme enfin perçue comme une adulte, responsable, respectable, fiable et nécessairement et inconditionnellement aimante. Selon la culture patriarcale d'ailleurs, être une mère dans l’âme, c’est-à-dire dans notre comportement en général, avec ou sans enfants, semble être LE laisser-passer pour toute femme qui espère avoir une chance d’être considérée en tant que personne adulte et d’obtenir reconnaissance, validation et avoir enfin le sentiment d’avoir sa place dans cette société.
Il est leurre d'arrêter de croire à ces foutaises !
Voilà comment, en présentant la fonction maternelle et le statut ou l’attitude de la bonne mère de famille comme le rôle le plus extraordinaire et le destin le plus honorable au monde pour les femmes, nous en sommes venus plus ou moins inconsciemment à sacraliser celles qui acceptent de prendre à peu près tout, c’est-à-dire leurs enfants, mais aussi leurs parents et les problèmes des autres en charges sur leurs soi-disant frêles mais si courageuses épaules.
Méprisées, ignorées, sans pouvoir ni reconnaissance de la part des autres durant leur enfance et souvent aussi leur adolescence, il est facile à comprendre que de nombreuses femmes se soient précipitées sur ce pied d’estal que leur tendait la société sans se poser de questions, sans réfléchir aux conséquences néfastes que ce désir souvent fortement conditionné de devenir mère pouvait engendrer au niveau de la vie de ces femmes, mais aussi finalement sur celle de tous les autres autour: leurs maris, leurs enfants, leurs amis et même l’ensemble de la société …
Sacraliser les mères est problématique, pour tout le monde, y compris les mères!
Le syndrome de la toute-puissance :
Les propulser au rang de saintes place les mères dans une position déifiée qui entraine chez certaines femmes psychologiquement fragiles ou en tout cas pas assez construites à la base un sentiment de toute-puissance dont certaines abusent gravement. Ces mères toutes-puissantes abusent notamment de leurs enfants et même de leur conjoint qu’elles manipulent pour obtenir ce qu’elles veulent et maltraitent impunément sans qu’aucun reproche ne leur soit jamais fait grâce à ce bouclier invisible de super-maman-qui-sacrifie-tout-pour-les-siens.
Quand la sainte mère écrase la femme humaine planquée dessous:
Parce qu’on la sacralise, la barre est haute pour ces mères qui, de fait, n’ont pas le droit à l’erreur. Car être considérée comme une sainte spécialiste de l’amour inconditionnel et la prise en charge des problèmes des autres, ça a un sacré coût : celui de devoir, en plus d'assurer sur tout les fronts sans jamais ni se plaindre ni faillir, se comporter de façon exemplaire…C’est lourd à porter ! Cette exigence de perfection étouffe la femme humaine et faillible invisibilisée sous cette sacro-sainte-mère-parfaite. Lorsque la femme ne s’identifie qu’à son rôle de mère, elle n’a plus d’espace pour se connaitre, apprendre à aimer, s'auto-materner, se tromper, exister, grandir, s’occuper d’elle-même, de ses besoins humains de femme et se déployer dans sa propre expérience humaine.
« Tu honoreras ta mère », comme le suggère l’évangile, ne signifie pas comme on le croit à tort la vénérer comme on vénèrerait un Dieu, mais au contraire, cela signifie lui rendre le poids de son humanité et tout ce que ça comporte. Percevoir notre mère avant tout dans la femme qu’elle est dans sa propre histoire de vie, ses difficultés, ses qualités, ses défauts et lui donner le droit d’avoir des limites et des failles. C’est le meilleur service que nous pouvons rendre à la fois à nos mères, à nous-même et aussi au reste de la société !
Désacraliser nos mères, c’est permettre à tout le monde de grandir :
Aux mères qui vont enfin pouvoir s’occuper des femmes qu’elles sont et qui ont été négligées un certain nombre d’années, et aux enfants, qui une fois devenus adultes ont tout à gagner à arrêter de tout attendre de maman pour développer cette bonne mère à l’intérieure d’eux-mêmes, comme le préconise Bethany Webster, pour devenir libres et puissants.
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