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Sur le sentiment de culpabilité...

Dernière mise à jour : 12 mai 2023

"Pourquoi autant de gens ressentent de la culpabilité sans avoir pourtant jamais commis de crime ?" Cette phrase entendue lors d'un live de Fabrice Midal confirme bien cette réalité: Nous sommes nombreux à ressentir de la culpabilité au fond sans aucun motif apparent. Le sentiment de culpabilité semble être LE fléau dont personne ne sait vraiment voir d’où il sort.

Alors que la société nous enjoint à être le seul créateur de notre vie, donc comme l'explique bien Denis Marquet dans son ouvrage "Oser la liberté, la vraie philosophie du Christ" à être à l’origine de nous-mêmes, nous nous sentons coupables de tout nos malheurs et même parfois de ceux des autres lorsqu’ils se déchargent de toute responsabilité sur nos épaules en nous accusant de leurs maux. Une tendance qui devient vite in-supportable tant nous aussi, nous en avons beaucoup trop sur le dos!


À part les véritables criminels capables de tuer de sang froid (cerveau reptilien) et donc coupés de leur affect et de leurs émotions, le sentiment de culpabilité dans notre culture concerne à peu près tout le monde, mais surtout les femmes en particulier...

Une femme se fait humilier à un entretien d'embauche? Elle pense immédiatement qu'elle est nulle et sans valeur. Une femme se fait agresser sexuellement? elle pense tout de suite que si ça lui arrive, c'est probablement qu'elle dégage une énergie malsaine, qui suscite chez l'autre des élans pervers...

Très rarement, la femme au fond d'elle-même remettra en question l'attitude de son agresseur...tant qu'elle continue au fond à croire inconsciemment qu'elle a moins de valeur que son agresseur, tant qu'elle reste dans ce conditionnement qui la pousse à croire à sa soi-disant "infériorité"et au fait qu'elle serait moins digne de respect comme la culture patriarcale dans laquelle elle a grandis lui a fait croire implicitement.

Dans notre culture fonctionnant principalement en mode dominant/dominé, nous héritons de mémoires dès la naissance et à travers l'éducation - surtout les filles!- d'un ensemble de règles implicites écrites nulle part mais pourtant bien ancrées dans l'inconscient collectif.


Parmi ces fausses croyances installées en nous par défaut (apprises par transmission par notre éducation !), on retrouve par exemple cette idée absurde que les femmes, en tant que "sexe faible" auraient moins de valeur et de mérites que le "sexe fort" et que cette "faiblesse" inhérente à leur sexe considérée comme un sérieux défaut ne leur permettant pas de se défendre, on pourrait abuser d'elles en toute impunité, les utiliser comme objet de plaisir sans que cela représente réellement une grave offense parce qu'après tout, c'est aussi ce que nous faisons avec tout ces êtres sensibles apparaissant aux yeux du patriarcat comme inachevés donc pas nécessairement respectables et faciles à dominer: les animaux, les enfants, la nature...


Puisque dans le "cahier des charges" de l'humain conforme basé essentiellement sur la loi du plus fort, on respecte et on craint seulement ceux que l'on considère comme importants et capables: en l'occurence: le masculin dominant et impeccable, capable de soumettre les autres comme preuve ultime de son pouvoir.

Selon la pensée patriarcale: un être humain est reconnu digne, respectable et acceptable à condition de fonctionner en mode masculin, être fort, en bonne santé, de bonne humeur, d’être solvable, sérieux, productif, compétent, utile aux autres, obéissant, d’être sain d’esprit, souriant et gentil, poli et rassurant….sous peine de risquer de se retrouver mis au ban de la société, exclus du clan social!

Or, ces conditions n'étant pas humainement réalistes, personne ne coche toutes ces cases car c’est tout bonnement impossible d'incarner cet "idéal"-là. Et tant que nous continuons de croire que c'est possible, et que nous continuons de vouloir atteindre cette pseudo perfection inhumaine motivés par la peur du rejet des autres, nous mentons constamment. Souvent par déni, nous nous mentons à nous-mêmes et nous mentons aux autres en leur faisant croire que la personne que nous sommes correspond à cette merveilleuse personne exigée par la norme patriarcale.

Nous mentons aux autres lorsque nous avons mal, nous cachons la faille derrière un grand sourire croyant en plus faire preuve de grandeur et arborons orgueilleusement ce sourire de façade comme preuve que nous sommes dignes et forts et que nous ne sommes surtout pas "des mauviettes" ou pire..."des "femmlettes"!

À l'instar de notre culture qui nous encourage implicitement à la nier, nous avons nous aussi appris à craindre notre propre part d'humain mortel, faillible et limité comme la peste et c'est pourquoi nous refusons l'échec, la déception, la douleur, la faiblesse, la maladie, la folie et tout ce qui peut nous éloigner de ce modèle d'humain conforme aux exigences de la société. L'humain est pourtant bien constitué de 2 faces: l'humain et le divin, l'ombre et la lumière. 2 faces qui ont besoin de fonctionner ensemble pour que l'humain se sente exister pleinement en unité. En rejetant ce que nous estimons être des failles honteuses comme notre éducation nous l'a appris, nous rejetons la moitié de notre propre expérience humaine, ce qui revient à rejeter l'humanité toute entière. Et nous mentons, pour garder la face, obéir à la norme coûte que coûte.


Bien qu'inconscients, ces mensonges issus de nos tentatives d'être celui ou celle que nous ne sommes pas et que nous ne serons jamais nous maintiennent au fond dans une posture de looser, de tricheur, d'imposteur, de menteur, qui nous amène à une forme de dissociation interne où pendant que nous brossons au mieux l'image de notre part Jeckill , nous planquons notre part Hyde sous le tapis dans l'espoir que ce qu'on croit à tort être le "monstre" en nous ne remonte jamais à la surface...


Cette dissociation, bien qu'inconsciente, nous laisse toujours un peu cette pensée au fond que nous ne serions pas légitimes d'être tels que nous sommes. Que l'être véritable, c'est-à-dire humain que nous sommes ne pourrait pas être accepté, respecté, aimé tel qu'il est dans son entièreté...et que pour être sûr de recevoir tout ce dont nous avons besoin pour survivre, il faudrait continuer de tricher....c'est peut-être à cet endroit-là que nait ce sentiment de culpabilité qui nous ronge de l'intérieur et nous coupe de toute connexion divine...


En nous invitant implicitement à devenir les héros irréprochables et infaillibles de nos vies, l'état d'esprit patriarcal a fait de nous des monstres. La perfection n'est pas humaine, car c'est l'apanage du divin. Exiger d'être parfait, sans failles, c'est vouloir être Dieu sans passer par la case acceptation et "réparation" de l'humain, cette partie de nous qui a vraiment besoin d'aide car vivre dans ce monde dual, incarné dans un corps de chair, c'est du boulot!

Un être humain parfait est un être humain mort! Il suffit qu'un humain ayant fait l'objet de critiques ou d'indifférence tout au long de sa vie vienne à mourir pour qu'on lui découvre soudainement des qualités exceptionnelles. Ignorer les valeurs de l'impermanence, de l'inconstance, du flou et de l'insaisissable comme faisant partie des règles du vivant, c'est prendre le risque d'être là aussi finalement exclus, mais pas par les autres humains cette fois, mais par la vie elle-même, ce qui est bien pire qu'être simplement rejeté par un groupe d'humains.


Pourtant, ne pas réussir à correspondre à ce personnage normatif impossible est pourtant une excellente nouvelle même si c'est au départ une déception pour soi-même comme pour notre entourage (qui exige aussi la norme), c'est ce qui préserve la beauté et la sensibilité, ce qui fait de nous des êtres humains parfaits, c’est à dire des êtres par définition et par essence imparfaits!

Continuer de croire que nous devons être impeccables et irréprochables est ce qui nous maintient hors de la vie, hors de notre humanité et de l'humanité toute entière, hors d'une attitude bienveillante et hors de nous. En voulant être un bon citoyen honorable aux yeux de la loi humaine, nous finissons sans nous en rendre compte par nous déshumaniser! Ce qui nous conduit à des comportements inhumains, révélant cette part monstrueuse en nous que nous cherchons justement à tout prix à éviter...

Notre part humaine, cet éternel enfant en nous est à accueillir, à aimer et à restaurer. Le travail fondamental pour chacun d'entre nous consiste à la rassurer, lui dire à quel point, même si la société la rejette, lui rappeler sa bonté et son innocence de base, lui expliquer à quel point à part porter un masque pour survivre et être accepté par les autres dans cette société, elle n'a en réalité jamais rien fait de mal!

Tant que nous continuons de croire au fond que cette part humaine en nous est monstrueuse, nous alimentons la bestiole et prenons le risque de voir tôt ou tard ce "monstre" se manifester. Si nous parvenons à reconnaitre et à embrasser avec le maximum d'amour possible cet humain vulnérable, blessé, naturellement en manque en nous, ce pauvre humain apeuré, peu glorieux, parfois en colère, souvent fatigué qui a besoin de soins, d'amour et d'affection, de compréhension, de validation, de reconnaissance, de consolation et d'écoute, notre monstre interieur capable du pire fond en larmes et se transforme en gentil renard capable du meilleur...


ÊTRE IMPARFAIT OU NE PAS ÊTRE? TELLE EST LA QUESTION...


Beaucoup de personnes pensent que vouloir être parfait est le propre de l'évolution humaine. Or, vouloir n'est pas tendre, la différence est subtile:

Vouloir être parfait est un chemin de refus, de rejet d'une part de notre humanité. C'est par définition un chemin mortifère car cette exigence nous fige et nous coupe de toute possibilité de transformation intérieure.

Alors que tendre vers la perfection invite au mouvement, ouvre une voie impliquant de passer par ces étapes cruciales de reconnaissance et d'acceptation de cet état imparfait qui est le propre de toute part humaine. Tendre vers la perfection, c'est ce que les chrétiens appellent partir en quête du Royaume de Dieu, c'est accueillir le processus naturel de résurrection présent en chacun de nous (rien à voir avec la religion, mais tout à voir avec la spiritualité!) C'est un vrai chemin de vie qui nous conduit à l'apaisement et la guérison.


Pour sortir de ce sentiment de culpabilité, apprendre d'abord à identifier "les termes" du contrat pour pouvoir renoncer finalement à correspondre à cet "idéal" déshumanisé exigé par le patriarcat, et s'entrainer à accueillir avec le plus de compassion possible cette part humaine en nous .


Renoncer à être parfait, concrètement c'est quoi?

C'est reconnaitre et admettre notre vérité lorsqu'on la ressent comme on la ressent: l'attitude de cette personne nous dérange, untel nous met mal à l'aise, se donner le droit de critiquer, de juger, de haïr, de détester, de décevoir soi-même et les autres, de se tromper, de ne pas savoir, de ne pas être à l'heure, d'oublier quelque chose d'important, s'autoriser de ne plus prendre les problèmes des autres en charge, de s'occuper d'abord de soi-même, s'autoriser de ne pas pouvoir faire, d'être au bout, de se sentir fatigué, agacé, honteux, jaloux, envieux, tendu, d'être incompris, de ne pas savoir aimer, d'avoir peur, de pleurer quand on est triste, de déranger les autres en exprimant ce qu'on ressent, d'oser déplaire, d'oser dire la vérité...ne plus craindre d'écouter nos colères, d'exprimer une difficulté, de mal faire et de faire mal , prendre soin de soi comme on le ferait pour un enfant malade quand on est diminué, comprenant que traverser toutes ces épreuves est de toute façon inévitable dans une vie humaine...ne plus dire que tout va bien lorsque ce n'est pas vrai, oser demander de l'aide quand on en a besoin, renoncer à incarner l'homme ou la femme idéale aux yeux des autres....

Cette vérité, nous ne la devons pas à tout le monde, le plus important étant de pouvoir la dire à soi-même.





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