À patriarcat-land, les gens libres qui s'occupent de leur propre bonheur, ce sont des égoïstes, des individualistes et on n’aime pas ça - Et quant aux femmes libres et heureuses aux yeux du patriarcat, on en parle ou on en parle pas ? …
Concrètement, l’être libre et souverain – c’est-à-dire vivant pas forcément contre les lois du système, mais avec discernement selon sa propre nature- est la bête noire du patriarcat. Logique, quand on comprend que l’objectif de cet état d’esprit culturel caractérisé par le rapport dominant/dominé est de soumettre les autres tout en étant soumis soi-même. À patriarcat-land, on encourage l'obéissance plutôt que la liberté des gens...
Pour comprendre que le bonheur d’un être est lié à sa capacité d’autonomie, et donc à sa liberté, il suffit de voir l’étincelle de joie dans les yeux d’un bébé quand il commence à marcher ou le bonheur affiché sur le visage d’une personne malade ou âgée qui retrouve de l’autonomie dans ses mouvements après de longs mois d’immobilité.
Partant de ce principe que le bonheur, c’est la liberté, j’ajouterai que ce qui nous rend vraiment heureux, c'est précisément la possibilité de jouir de notre capacité à nous mouvoir et nous émouvoir le plus librement possible. Ce qui nous permet de goûter à cette joie aussi immense que banale d’être simplement « vivant ».
« Interdiction d’être vivante !?! »
Quand on regarde en arrière (et qu'on se rend compte que c'est encore tellement d'actualité!), quand on écoute nos grand-mères parler de leur enfance et de leurs jeunes années de femmes, on comprend de quelles façons tant de femmes ont été bridées, souvent dès l’adolescence : privées de sensualité, culpabilisées de séduire, humiliées et empechées dans leur sexualité…certaines n’avaient pas le droit de sortir, quand d’autres se prenaient des baffes pour avoir flirté au bal, se faisaient humilier, agresser ou insulter à cause d’une tenue et/ou d’une gestuelle un peu trop naturelle, sensuelle, jugée beaucoup trop provocante…Nos ancêtres féminines ont souvent été punies d’avoir juste été danser, ou d’avoir ri un peu trop fort. Punies d'avoir pris un peu trop de liberté. Voici entre autres le genre de poison qui alimente la blessure maternelle.
À patriarcat-land, on apprend qu'une femme qui se permet d'être libre et heureuse prend le risque d'être rejetée par les siens...
C’est bien connu et bien humain : le bonheur et la liberté des uns est insupportable aux yeux de ceux qui souffrent de ne pas l'être suffisamment. Et voilà comment nous en arrivons parfois à haïr celui ou celle qui se permet de faire ce qu’on ne s’autorise pas nous-même.(Voir post à venir sur la jalousie)
Quitter la sphère de l’état d'esprit patriarcal en tant que femme, c’est gagner en puissance et en liberté, et donc renouer avec notre énergie sexuelle (puissance), notre sensualité, notre "séduisance" originelle, innocente et naturelle, notre beauté instinctive et unique. Des qualités qui ne sont à la base ni mauvaises, ni menaçantes, sauf pour ceux et celles qui n’y ont pas accès et qui, dérangés par l'expression de tant de vie et de fougue, contribuent à pervertir cette belle et saine puissance, en nous culpabilisant, en nous l’interdisant d'une façon ou d'une autre...
Est-il vraiment utile de souligner l'urgence de restaurer cette part précieuse de l’humain violemment réprimée entre autre par l’église, les familles et le monde institutionnel depuis des centaines d’années? C'est en tout cas l'un des projets de la guérison de notre blessure maternelle.
Pour mieux comprendre ces histoires autour de la puissance d'un être humain (quelque soit son sexe), on pourrait comparer cette puissance à un courant d’eau : plus on empêche ce courant en le bloquant, plus ce courant d’eau se renforce jusqu’à devenir totalement dévastateur. Interdire à un humain ou l'empêcher en le culpabilisant de vivre dans sa propre puissance est le meilleur moyen de la pervertir. Et Dieu sait qu’une personne, homme ou femme, dont la puissance a été pervertie peut faire comme dégâts. Nous en avons malheureusement trop souvent la preuve dans notre société où cette puissance pervertie devient fléau dévastateur (viols, agressions, violences conjugales et familiales).
La puissance, comme l'intelligence ou même l'argent: à la base, ce ne que sont des énergies neutres, ce ne sont que des moyens. C'est l'intention et la façon dont on va les utiliser qui les rendra bénéfiques ou destructeurs. La puissance, Une fois qu’elle est pervertie, la puissance devient en effet dangereuse, et c’est comme ça que la plupart des gens continue de la craindre et de l'empêcher encore aujourd’hui, aussi bien la leur que celle des autres…
« Nous devons acquérir le droit de disposer de notre propre existence et à vivre notre souveraineté selon nos propres conditions. (…) C’est parce qu’elles souffrent que certaines femmes sont capables de tirer d’autres femmes vers le bas. A nous de leur montrer qu’il existe une manière différente de fonctionner. A nous de leur servir de modèle en leur montrant qu’il est possible d’être à la fois puissante et aimée. » extrait p 143 du chapitre 4 « Ce qui entretien cette blessure et la rend résistante », du livre "Être une mère pour soi-même, devenir une femme libre et puissante" de Bethany Webster.
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